L’autosuggestion consciente, ou la méthode Coué

Qui est Émile Coué ?

Émile CouéNé en France en 1857 et mort en 1926 Émile Coué est un psychologue et un pharmacien reconnu internationalement du temps de son vivant pour sa fameuse méthode d’autosuggestion, mélange de psychologie comportementale et de pensée positive.

D’abord pharmacien, il aurait constaté que ses malades guérissaient plus rapidement grâce aux paroles réconfortantes qu’il leur donnait avec leurs médicaments :

« Vous allez voir, ceci vous fera beaucoup de bien… Et ce n’est qu’un début ! »

La reconnaissance progressive des malades lui fait prendre conscience de la force de la suggestion. Il en déduit un certains nombre de principes :

  • L’imagination est déterminante dans le processus de guérison.
  • Une maladie est double, puisqu’elle atteint le physique et le moral.
    Les médicaments agissants sur le physique, l’imagination doit agir sur le moral.
  • Imaginer quelque chose qui se réalise en facilite la réalisation.
  • Notre être imaginatif (notre inconscient) détermine notre état aussi bien physique que mental.
  • Il est possible de diriger l’imagination pour contrôler ses objectifs.

Faisant la connaissance d’Ambroise-Auguste Liébault et de son École de Nancy sur l’hypnotisme, Coué se passionne pour les méthodes de suggestion verbales. Intégré en 1901 à la fameuse École de Nancy, il expérimente et met en pratique ses théories.

N’utilisant pas l’hypnose directive, il préfère la suggestion à l’état de veille et résume sa méthode en une phrase à se répéter tous les jours comme un mantra, afin de se conditionner positivement :

« Tous les jours, à tout point de vue, je vais de mieux en mieux. »

La répétition machinale de la phrase fera agir alors l’inconscient qui enregistrera celle-ci comme une directive à réaliser.

1e8a7000Il fonde ensuite une clinique à Nancy dans laquelle il réalise des consultations publiques à priori miraculeuses, tant la technique serait efficace, puis l’École lorraine de psychologie appliquée. Son livre, « La Maîtrise de soi par l’autosuggestion » est un succès mondial (surtout en Angleterre et aux USA, en témoigne l’affiche ci-contre) !
Il voyage dans le monde entier, donne des conférences aux succès retentissants, est reçu par des présidents, joue dans un film, enregistre un disque (à écouter plus bas), bref la Lady Gaga de l’autosuggestion ! 😛

À bout de fatigue, il meurt en 1926 d’une pneumonie à l’âge de 69 ans.

Presque complètement oubliée quelques années après sa mort, sa méthode est décriée pour son simplisme : il suffit d’imaginer pour que cela se réalise, donc ceux qui n’arrivent pas manqueraient simplement d’imagination !
Cette méthode, rentrée désormais dans le langage courant pour exprimer un optimisme aveugle, trouve toutefois encore quelques échos dans les méthodes actuelles de développement personnel.

La fameuse « Méthode Coué »

220px-Méthode_CouéInventée par Émile Coué, la méthode qui porte son nom est une technique d’autosuggestion que l’on peut qualifier de prophétie autoréalisatrice. Elle a pour but de s’imposer à soi-même des pensées positives, jusqu’à leurs réalisations supposées.

Partant du principe (que l’on peux contester) qu’une idée fermement implantée finira par se réaliser, Coué reprend à son compte certaines théories d’Hippolyte Bernheim, pour en déterminer un ensemble de pratiques.

Hippolyte Bernheim, opposé à Charcot qui lie trop fortement à son goût hypnose et hystérie, définit en 1884 la suggestion comme « l’influence provoquée par une idée suggérée et acceptée par le cerveau, une idée conçue par l’opérateur, saisie par l’hypnotisé et acceptée par son cerveau ».
Il se distingue ainsi de Charcot en voyant d’un même œil hypnose et suggestion (perçus à l’époque comme fondamentalement différents). C’est à dire en pensant que ce sont les mêmes mécanismes qui sont induits à l’état de sommeil hypnotique, comme à l’état de veille. Bernheim invente également le concept d’idéodynamisme, selon lequel « toute idée suggérée tend à se faire acte » et découvre la notion d’effet placébo, comme application thérapeutique de la suggestion.
Hippolyte Bernheim s’éloignera ensuite progressivement de l’hypnose pour une méthode de son invention qui se pratique à l’état de veille : la psychothérapie.

Reprenant le concept d’idéodynamisme, Émile Coué considère donc qu’une idée qui se grave dans notre esprit aura tendance à se réaliser :

« Si étant malade, nous nous imaginons que la guérison va se produire, celle-ci se produira si elle est possible. Si elle ne l’est pas, nous obtiendrons le maximum d’améliorations qu’il est possible d’obtenir. »

Ce concept suppose donc que la volonté ne gouverne pas nos actes, mais que c’est notre imagination qui est au pouvoir ! Notre capacité d’imaginer va donc déterminer nos actes. Si nous avons la possibilité de faire quelque chose que l’on aime bien, cela serait donc parce qu’on s’imagine très bien comme étant capable de le faire. Coué en tire 4 lois :

  • 1. Quand la volonté et l’imagination sont en lutte c’est toujours l’imagination qui l’emporte sans aucune exception
  • 2. Dans le conflit entre la volonté et l’imagination, la force de l’imagination est en raison directe du carré de la volonté (celle-là je ne la comprends pas !)
  • 3. Quand la volonté et l’imagination sont d’accord, l’une ne s’ajoute pas à l’autre, mais l’une se multiplie par l’autre
  • 4. L’imagination peut être conduite par l’autosuggestion consciente

Pour la mise en pratique, le sujet doit tout d’abord accepter la toute puissance de l’imagination, avant de mener des expériences « préliminaires », en réalité de l’hypnose classique. Par exemple dans l’expérience dite des « mains indésirables », l’hypnotiseur dit au patient de :

« penser qu’il ne peut plus desserrer les doigts; que vous allez compter jusqu’à trois et que, quand vous direz : « Trois », il devra essayer de séparer ses mains en pensant toujours je ne peux pas, je ne peux pas, etc., […] ajouter immédiatement en détachant les syllabes : « Vous-ne-pou-vez pas vous ne pouvez-pas ». »

Ce n’est qu’après ces séances d’hypnose directive que le patient passait à l’auto-hypnose, sous les indications de Coué.
Les séances étant collectives, à chaque fois des patients guéris ou en cours de guérison étaient présents pour remercier Émile Coué, ce qui ne manquait pas d’impressionner fortement les autres patients et d’influencer leur jugement critique.

Le patient rentrait ensuite chez lui et se répétait ses bonnes résolutions (de guérison dans la plupart des cas) à longueur de journée, le plus machinalement possible, sans y réfléchir, sous la forme de la phrase déjà citée plus haut :

« Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux. »

Ci-dessous, découvrez une vidéo reprenant le disque enregistré par Émile Coué lui-même, lisant une partie de sa « Maîtrise de soi-même » :

Il semble que la personnalité de Coué impressionnait et agissait plus que ses méthodes, en témoigne le résumé de séance suivant :

« Et vous n’avez obtenu aucune amélioration ?… Savez-vous pourquoi ? Tout simplement parce que vous manquez de confiance en vous.
Quand je vous dis que cela va mieux, cela va mieux, n’est ce pas? Pourquoi ? Parce que vous croyez en moi. Croyez donc en vous-même et vous obtiendrez le même résultat. »

Un autre élément permettant de douter de l’efficacité de la méthode pourrait également être l’abandon presque immédiat de celle-ci à la disparition d’Émile Coué.
Vous l’avez compris, à titre personnel, j’aurais plutôt tendance à douter de cette méthode. Mais je n’ai pas vraiment un avis objectif, puisque je ne l’ai jamais testée et ne connaît personne qui l’a testée…

Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez aussi consulter le fameux livre la « Maîtrise de soi-même par l’autosuggestion consciente » par Émile Coué, dans une nouvelle édition très abordable (en occasion à partir de 1,70€ sur Amazon) :


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