Mesmer et le magnétisme

Historiquement, l’hypnose découle des recherches sur le magnétisme de Franz Anton Mesmer (1734-1815), initiateur du « magnétisme animal », aussi appelé « mesmérisme ».
Les mots de Mesmer et de magnétisme peuvent graviter autour du monde de l’hypnose, mais n’y sont pas liés, tentons justement de faire le point.

Attention aux faux amis !

Tout d’abord, essayons de dissiper les malentendus : Mesmer (le docteur en médecine de la faculté de Vienne du XVIIe siècle) n’est pas Messmer (l’hypnotiseur de spectacle canadien du XXIe siècle), une lettre et un monde les séparent !

Mais le magnétisme, qu’est-ce que c’est ?

Le magnétisme est un phénomène physique, par lequel se manifestent des forces attractives ou répulsives d’un objet sur un autre, ou avec des charges électriques en mouvement.
Définition Wikipédia

AimantLe magnétisme « animal » (à différencier du magnétisme minéral dont la définition est reprise ci-dessus), attribue au corps humain des propriétés de charges d’attraction et de répulsion, à la manière des aimants, permettant de fluidifier les énergies s’écoulants à l’intérieur du corps.

Au contraire de l’hypnose, le magnétisme induit une approche mystique des choses et des environnements.

Intrigués par tout un tas de mécanismes du cerveau et de l’inconscient, les élèves de Mesmer et Mesmer lui-même mirent le doigt sur tout un tas d’éléments inconnus qui les intriguèrent grandement et qu’ils décidèrent d’étudier. À l’époque, la psychologie n’existait pas, la psychiatrie non plus, les connaissances sur le cerveau étaient au niveau 0 et tout ce qui n’était pas bien connu ou jugé un peu surprenant était dès lors du ressort de l’église ou du diable. Même le somnambulisme foutait les jetons, c’est dire !
Petit à petit à l’époque de Mesmer, les gens un peu attentifs découvrirent que les rêves, l’humeur, le sommeil n’était pas forcément affaire de religion ou de péchés et que l’on pouvait être dans des états différents sans forcément que cela soit nécessaire d’être brûlé comme hérétique 😮 !

Leurs recherches les amenèrent à inventer ce mot de magnétisme, qui regroupait de manière assez vague ces nouveaux domaines d’exploration scientifique. Le magnétisme draina tout un tas de personnes attirées par ces nouveautés exotiques et fut vite taxé de charlatanisme. Dès lors l’hypnose fut une réappropriation de certaines pratiques de magnétiseurs par des médecins, épurées de leurs aspects jugés « occultes » ou « mystiques » et inacceptables pour l’Académie de Médecine (le magnétisme animal fut condamné par l’Académie dès 1784).

Les deux pratiques continuèrent dès lors parallèlement leurs histoires respectives.

Le magnétisme actuel est pratiqué par des magnétiseurs effectuant le plus souvent des passages de leurs mains au dessus de partie du corps. Ces actions auraient la propriété de rééquilibrer les différentes énergies du corps pour un résultat plus harmonieux. En fonction des magnétiseurs, leurs capacités à magnétiser proviendrait soit du fluide de Mesmer, soit de leur propre volonté, soit de l’imagination, soit d’un contact direct avec les « esprits » (personnes disparues, « esprits » de la nature… suivant les différentes versions).

Comme vous le voyez, le magnétisme n’a donc rien à voir avec l’hypnose, que ce soit dans sa pratique ou sa démarche.

Et Franz Anton Mesmer dans tout ça ?

Une fois faite la distinction entre magnétisme animal et hypnose, il reste intéressant de s’attarder un peu plus sur Mesmer, considéré par certains comme le père de l’hypnose.

MesmerNé en 1734, Docteur en médecine de la faculté de Vienne, ayant exercé en Allemagne, puis en France, il enseignait l’existence d’un fluide universel, circulant dans le corps humain et dans la nature et pouvant se transmettre d’une personne à une autre par imposition des mains ou par passages des mains au dessus du corps, dont on pouvait faire un usage thérapeutique. Mesmer avait pour ambition de rationaliser un ensemble de phénomènes jusqu’alors incompris, comme les transes, qui semblaient relever de la magie et du surnaturel. Véritable phénomène de société et alors qu’il se voulait fondateur de science (en ramenant ce qui relevait du surnaturel à l’étude d’un fluide), il devint extrêmement controversé jusqu’à être un symbole du charlatanisme et des fausses sciences.

Tout commença réellement pour le magnétisme animal en mai 1775 , lorsque Mesmer réussit à provoquer l’apparition et la disparition de divers symptômes sans utiliser les pratiques classiques de l’exorcisme. Mais dès 1777, ses confrères viennois le considèrent comme un charlatan et il doit quitter Vienne pour la France. Il y publie un mémoire dont voici les principales thèses (source Wikipédia) :

  • Un fluide physique subtil emplit l’univers, servant d’intermédiaire entre l’homme, la terre et les corps célestes, et entre les hommes eux-mêmes.
  • La maladie résulte d’une mauvaise répartition de ce fluide dans le corps humain et la guérison revient à restaurer cet équilibre perdu.
  • Grâce à des techniques, ce fluide est susceptible d’être canalisé, emmagasiné et transmis à d’autres personnes, provoquant des « crises » chez les malades pour les guérir.

Mesmer pratiquait la magnétisation de manière directe avec ses mains ou à l’aide d’un aimant, provoquant une redistribution du fluide vital. Les séances collectives autour de baquets remplis d’eau et de limaille de fer (voir image ci-dessous), provoquait des crise de nature convulsives chez les nombreux patients venant à son cabinet. Ces traitements furent parmi les plus controversés.

Traitement_baquet

« Les patients, reliés entre eux par des cordes, sont assis autour d’une caisse circulaire en bois, dont le couvercle est percé de trous et de laquelle sortent des tiges en métal qui peuvent être en contact avec différentes parties malades du corps. Au fond de la caisse, sur une couche de verre pilé et de limaille de fer, reposent des bouteilles remplies et rangées symétriquement, certaines pointant vers le centre, d’autres vers la périphérie. Mesmer accompagne habituellement ses séances de magnétisme en jouant du piano.
Lors de ces traitements collectifs autour du baquet se manifestent des phénomènes contagieux, au cours desquelles les femmes de la meilleure société perdent leur contrôle, éclatent d’un rire «hystérique», se pâment, sont prises de convulsions… Un témoin décrit une crise en détail : «La respiration était précipitée ; elle étendait les deux bras derrière le dos en les tordant fortement, et en penchant le corps en devant ; il y a eu un tremblement général de tout le corps ; le claquement de dents est devenu si bruyant qu’il pouvait être entendu du dehors ; elle s’est mordu la main, et assez fort pour que les dents soient restées marquées».
Mesmer considère que ces convulsions ont une vertu thérapeutique. Pour les cas de convulsions violentes, les patients sont emmenés dans une chambre matelassée appelée « chambre des crises ». L’un des quatre baquets de Mesmer est réservé aux pauvres mais les places aux trois autres doivent être réservées longtemps à l’avance et lui rapportent quelque 300 louis par mois. (…)
Mesmer ouvre, une souscription permettant d’acheter le « secret de Mesmer ». Pour cela, ils crée la Société de l’Harmonie Universelle, qui se révèle être un énorme succès financier. Le but de la Société est d’assurer la survie de la doctrine et de la richesse de Mesmer, menacées par les corps académiques et le gouvernement. En juin 1785, Mesmer s’installe somptueusement à l’hôtel de Coigny, rue du Coq-Héron et possède 343 764 livres selon le trésorier de la société. »
Source Wikipédia

Le docteur Eslon, disciple de Mesmer depuis 1778, tenta en septembre 1780 de faire apprécier le magnétisme à l’Académie de Médecine. Ce fut un échec retentissant pour lui puisque l’Académie décida de le rejeter s’il ne désavouait pas ses pratiques avant la fin de l’année.

En 1784, Louis XVI nomma une commission de savants réputés, le chimiste Lavoisier, le médecin Guillotin, le botaniste Jussieu, l’astronome Bailly, le théologien Lavater et le physicien américain Benjamin Franklin pour la présider, afin de juger des théories de Mesmer. Dans deux rapports, la commission condamna le magnétisme animal, conclu à l’inexistence du fluide et attribuèrent « à l’imagination certains effets d’ordre curatifs et physiologiques obtenus ».

Suite à de nouvelles guérisons, le Roi nomma une nouvelle commission en 1788 pour examiner à nouveau la question. Un rapport confirma l’inexistence du fluide et constata les éléments suivants, précurseurs de l’hypnose :

« Les malades sont soumis à celui qui les magnétise ; ils ont beau être dans un assoupissement profond, sa voix, son regard, un signe de lui les en retire. On ne peut s’empêcher de reconnaître à ces effets constants une grande puissance qui agite les malades, les maîtrise et dont celui qui magnétise semble être le dépositaire. »
Source « Hypnose et autohypnose » par Lucien Liroy

Plusieurs courants du magnétisme existèrent simultanément ou non :

  • Les mesmériens, mettant l’accent sur le fluide universel.
  • Les psychofluidistes, attribuant le magnétisme à la volonté, guidée par le fluide.
  • Les spiritualistes, attribuant le magnétisme aux esprits et à la prière.
  • Les imaginationistes l’attribuant à l’imagination.

Les succès suivant les pays furent variable et certains « ambassadeurs » célèbres, contribuèrent au succès du magnétisme animal, comme le Marquis de Lafayette, qui popularisa Mesmer aux États-Unis en écrivant en 1784 à George Washington :

«Un docteur allemand nommé Mesmer, ayant fait la plus grande découverte sur le magnétisme animal, a formé des élèves, parmi lesquels votre humble serviteur est appelé l’un des plus enthousiastes.»

La chute du magnétisme

Déjà controversé depuis 1780, tantôt décrié, tantôt admiré, tout s’effondra définitivement dans les années 1800 pour le magnétisme animal, lorsque les recherches firent avancer les connaissances scientifiques, avec la découverte de l’éléctromagnétisme et la meilleure compréhension du magnétisme physique (grâce notamment à Ampère et Faraday). La médecine elle aussi progresse et découvre que les nerfs ne sont pas commandés par un fluide magnétique (à la base des thèses de Mesmer).

En 1880, Michelson démontre à la grande surprise du monde scientifique que la vitesse de la lumière est indépendante de son environnement et qu’il n’existe donc pas d’éther physique, finissant d’achever les thèses de Mesmer.

Toutes les théories du magnétisme animal s’effondrent petit à petit devant les avancées de la connaissance et les expériences scientifiques. Les pratiques de Mesmer sont qualifiées de charlatanisme en vue d’enrichissement. Les phénomènes constatés lors de séances, comme les crises convulsives, sont expliquées et de nouvelles doctrines et pratiques apparaissent, comme la psychologie, la psychosomatique ou encore l’hypnose.

Les personnes se réclamant encore du magnétisme animal sont désormais soit des adeptes des sciences occultes, soit des personnes se déclarant « guérisseurs ».

Lire aussi les posts « Petite histoire de l’hypnose » et « Jean-Martin Charcot, Sigmund Freud et l’hypnose » qui complètent cet article ou peuvent prendre sa suite chronologique.

4 réflexions au sujet de “Mesmer et le magnétisme”

  1. J attend avec impatience une entrevue avec lui …en direct sur TV5 ou ailleurs …pas besoin de m inviter ….je me déplace et paye ma place ….je veux l preuve qu il puisse m hypnotiser ….avec vidéo pour revoir ….mais je suis persuader que c est peine perdue …

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